Kramatorsk

P.1989-1

La source faisait à lorigine partie dune jauge de niveau de rayonnement, perdue dans une carrière de pierre. Le gravier a été utilisé dans la construction. Pendant neuf ans, la capsule sest retrouvée dans le panneau de béton, entre les appartements 85 et 52 du bâtiment 7 de la rue Gvardeytsiv Kantemirovtsiv, à Kramatorsk (Ukraine). Un lit denfant juste à côté du mur contenant la capsule de césium 137.

https://fr.qaz.wiki/wiki/Kramatorsk_radiological_accident

Goiânia

P.1987-1

13 septembre 1987 : Roberto dos Santos Alves et Wagner Mota Pereira sintroduisent dans une clinique abandonnée. À lombre dun manguier, ils attaquent à la masse la machine quils y ont dérobée. Vertiges, vomissements, diarrhées les surprennent à la tombée de la nuit. Un œdème boursoufle la main gauche de Wagner. Roberto parvient à extraire la capsule quil perfore dun coup de tournevis. Un halo bleuté flotte dans le noir, lhumidité de lair luit comme un néon. Il rêve de sertir l’un de ces cristaux sur une bague pour l’offrir à sa femme. Lappareil servait à traiter des tumeurs cancéreuses par irradiation. Lors de la décontamination, il a fallu démolir sept maisons. Le volume total de déchets était de 3 100 m3, soit environ 4 000 tonnes.

Sébastien Wesolowski, « L’un des pires accidents nucléaires de l’histoire a commencé par un vol », Vice, 5 avril 2019

Church Rock

P.1979-1

Au début de l’été 1979, Larry King, géomètre souterrain à la mine duranium Church Rock, au Nouveau-Mexique, remarque quelque chose dinhabituel sur le versant sud du bassin de déchets radioactifs. Le matin du 16 juillet 1979, vers 5 h 30, la paroi cède, laissant s’échapper 1 100 tonnes de déchets duranium et 94 millions de gallons deau radioactive dans le Rio Puerco et sur les terres navajos. Les moutons sont tués, les récoltes ravagées.

Samuel Gilbert, « Church Rock, le désastre nucléaire américain qui empoisonne toujours les terres navajos », Vice, 12 septembre 2019

 

Cosmos 954

P.1978-1

À 4 h 55, un objet incandescent rouge vif traverse le ciel obscur. Cosmos 954, un satellite de surveillance soviétique équipé dun petit réacteur nucléaire brille au moment de son entrée dans latmosphère terrestre. Il brûle et se désintègre. Deux cent vingt personnes ratissent la toundra arctique, à la recherche du plus petit fragment du satellite. Seul 0,1 % de la source d’énergie atomique sera récupérée.

https://www.dissident-media.org/infonucleaire/chute_cosmos.html

Envoyer les déchets dans lespace permet de les isoler complètement de la biosphère. Il sagit néanmoins dune méthode exotique, qui ne peut être envisagée quau cas par cas. Or l’énergie nucléaire a ceci de particulier qu’elle produit de très petites quantités de déchets très toxiques, ce qui fait de l’élimination spatiale une option viable.

E. Burns, W. E. Causey, W. E. Galloway, and-R. W. Nelson, « Nuclear Waste Disposal in Space », Nasa Technical Paper nº 1225, May 1978

 

Apollo 13

P.1973-5

13 avril 1973 : une explosion détruit une partie du module de commande de la capsule Apollo 13 qui se dirige vers la Lune. Les astronautes utilisent le module lunaire comme chaloupe de sauvetage avant de l’abandonner. Au lieu de se perdre dans l’espace interplanétaire, ce module retombera dans l’océan engloutissant un générateur radio-isotopique contenant du plutonium. Selon les Américains, l’enveloppe du plutonium aurait résisté…

http://atomicsarchives.chez.com/chute_cosmos954.html

Lichens

P.1972-1

« Dépourvus dappareil vasculaire, les lichens absorbent les substances qui leur sont nécessaires, grâce à de minuscules ouvertures percées dans leur cortex supérieur. Cette conformation les expose à être les réceptacles des retombées radioactives. Chargés de rayons alpha, ces végétaux, les plus obscurs de toute la flore, font éclater aujourdhui un véritable feu dartifice à lintérieur des compteurs à scintillations qui servent à mesurer la radioactivité. »

Pierre Gascar, Le Présage, 1972

Lot 115

P.1969-1

Description du lot 115 Sciences et nucléaire Rarissime ampoule contenant un échantillon d’eau lourde produite par l’usine chimique de Mazingarbe (Pas-de-Calais) 1969 Dans une emboîtage en résine situé et daté du 13 mars 1969 sur un cartouche (12 x 8 x 9 cm) On y joint une maquette siglée Framatome dans un emboîtage en résine… Lire la suite Lot 115

Thulé

P.1968-1

En 1968, un bombardier américain transportant des bombes thermonucléaires s’écrase à Thulé dans le Groenland. Les bombes sont détériorées, une partie de la matière fissile se répand sur la glace. Au dégel, elle se dépose sur le sol ou passa dans l’eau de mer. Les mesures ultérieures ne détectent pas de contamination particulière de lenvironnement.

http://www.irma-grenoble.com/PDF/05documentation/rapports_irma/3_Les_accidents.pdf

 

Asse

P.1967-1

Un volume de masse radioactive équivalent à soixante maisons a été entreposé entre 1967 et 1978 dans la mine de sel désaffectée d’Asse, au centre de l’Allemagne. Ces 126 000 tonneaux de déchets radioactifs devaient séjourner là pour l’éternité. Trente ans plus tard, Asse a pris des allures de quasi-catastrophe écologique et de boulet politique. Le lieu, géologiquement instable, souffre d’infiltrations d’eau. Certains contenants sont rouillés. Face à la gravité de la situation, l’office fédéral chargé de la gestion du site optait en janvier pour l’évacuation. Cette opération inédite, très complexe, prendra près de vingt ans et pourrait coûter 2 à 3 milliards d’euros à l’Etat.

Nathalie Versieux, “L’Allemagne minée par ses déchets nucléaires”, Libération, 14 juillet 2010

Palomarès

P.1966-1

En janvier 1966, deux avions américains s’écrasent au-dessus du village de Palomares, en Espagne. Deux bombes sont récupérées intactes, les deux autres détruites par leur chute. Les parties du sol les plus contaminées sont décapées, enlevées et envoyées pour stockage aux États-Unis.

http://www.irma-grenoble.com/PDF/05documentation/rapports_irma/3_Les_accidents.pdf

 

Le département de la Défense des États-Unis dément avoir perdu des bombes, alors que la presse est au courant.

Un énorme dispositif aérien et naval cherche pendant presque trois mois la quatrième bombe : une fouille de 80 jours impliquant 3 000 hommes et 38 vaisseaux de l’US Navy permet à un sous-marin ALVIN de retrouver la bombe à 869 mètres de profondeur, à 8 km du rivage. Elle n’a été trouvée que quand le commandement militaire américain a fini par écouter le témoignage de Francisco Simó Orts4, un pêcheur devenu héros local, connu en Espagne sous le sobriquet de Paco el de la bomba (« Paco, le type de la bombe ») qui, à bord de son chalutier, avait repéré avec ses jumelles le point d’impact d’un gros tube gris doté de son parachute gris de sécurité5.

L’Espagne exige des États-Unis de reprendre ce qui reste de terre polluée et de la transporter dans son territoire6.

Durant la première opération de décontamination, 1 400 tonnes de sol légèrement contaminé sont expédiées vers le centre de retraitement de Savannah River Site à Aiken en Caroline du Sud. Les plants de tomates contaminés sont enterrés ou brûlés. L’Espagne n’ayant pas édicté de mesures en cas d’accident nucléaire, les États-Unis, en concertation avec l’Espagne, appliquent les recommandations utilisées au site d’essais du Nevada concernant le plutonium et les autres substances radioactives.

Pour tenter de sauver la saison touristique, les autorités organisent une vaste campagne de communication : sous l’œil d’une vingtaine de caméras du monde entier7 et d’une nuée de photographes, l’ambassadeur américain Angier Biddle Duke invite plusieurs ministres espagnols dont Manuel Fraga à se baigner en mer, pour prouver qu’il n’y a aucun danger radioactif. Mais, prudemment, ils ont choisi une plage située à 15 kilomètres du lieu d’impact des bombes8.

En 1971, seuls 100 villageois (6 % de la population) sont examinés. 29 tests de contamination positifs sont écartés car jugés « statistiquement insignifiants ». En date de 2008, certaines zones restent encore contaminées. Selon un rapport de la Defense Nuclear Agency (DNA) de 1975 : « Palomares demeure l’un des quelques sites dans le monde servant de laboratoire expérimental, probablement le seul offrant un regard sur une zone agricole ».

Sur les 714 personnes suivies jusqu’en 1988, 124 avaient un taux de plutonium dans les urines supérieur au minimum détectable9.

En 2008, en pleine frénésie immobilière, des promoteurs s’intéressent à cette partie de la côte d’Almeria mais le taux d’américium est très largement supérieur au maximum autorisé. La zone est déclarée inconstructible10 : des terrains de Palomares restent clôturés et une partie de ses 1 500 habitants voyagent à Madrid, deux fois par an, pour subir une inspection médicale. Les rapports médicaux de 1966 n’ont été déclassifiés qu’en 1986. Quand l’accident a eu lieu, les explosifs non atomiques ont explosé, mais pas les engins nucléaires. Pourtant deux détonateurs ont été activés.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Accident_nucl%C3%A9aire_de_Palomares

 

Transit

P.1964-2

En 1964, la retombée d’un Transit dans l’océan Indien. Le satellite s’est entièrement consumé. Le plutonium s’est trouvé gazéifié, il a été répandu dans l’atmosphère sans élever sensiblement son taux de radioactivité car l’apport a été comparable à ce que produit une petite fluctuation du rayonnement cosmique. Le vrai danger était chimique : on ignore… Lire la suite Transit

Lorsqu’on arrive au cœur du Yeun, on découvre une flaque verdâtre. Les gens du pays prétendent qu’on n’a jamais pu en sonder la profondeur. C’est la porte des ténèbres, le vestibule sinistre de l’inconnu. Parfois cette flaque se met à bouillir. Les puissances invisibles engloutissent ceux qui s’y penchent. C’est tout près, à Brennilis, au cœur des monts d’Arrée, que se trouve l’unique centrale électrique de la filière à eau lourde en France. Son démantèlement serait achevé en 2030.
Anatole Le Braz, La Légende de la mort en Basse-Bretagne, 1893/Présentation EDF de la centrale de Brennilis

Goldsboro

P.1961-1

Le jeune garçon sest précipité dehors pour apercevoir le Boeing B-52 enflammé, une aile manquante, des débris en feu projetés dans toutes les directions, s’écraser dans un champ. « Tout était en flammes » témoigne Reeves, aujourd’hui âgé de 78 ans. « La pelouse brûlait. La route était en train de fondre. Ma mère priait. Elle pensait que c’était la fin des temps. » En plus de l’épave, quelque part dans la nuit se trouvaient les restes de deux bombes thermonucléaires. Et elles y sont toujours.

https://www.nationalgeographic.fr/histoire/la-nuit-ou-deux-bombes-atomiques-sont-tombees-sur-la-caroline-du-nord

 

Camp Century

P.1959-2

Le projet naît en 1959, au nord-ouest du Groenland. Officiellement, il sagit d’établir un laboratoire de recherche alimenté par un petit réacteur nucléaire. Les militaires américains creusent en secret un réseau de galeries pour stocker 600 missiles balistiques. Les ingénieurs réalisent que la glace est mouvante et menace de broyer les tunnels. Le projet est abandonné, le réacteur nucléaire extrait, les déchets demeurent.

Yohan Blavignat,Au Groenland, une base militaire secrète américaine refait surface”, Le Figaro, 30/09/2016 à 21:19

Chariot

P.1958-1

Edward Teller, père de la bombe H américaine, initie le projet Chariot : créer, ex nihilo, un grand port en Alaska en utilisant six bombes atomiques. Aucune détonation naura finalement lieu. Mais les résidus dune explosion sont transportés sur le site pour estimer les effets sur les sources deau d’éjectas radioactifs retombant sur les plantes de la toundra.

Pierre Barthélémy, « Redessinons l’Alaska à la bombe atomique », Le Monde, 27 janvier 2014

Beaucoup de gens sont rassemblés dans le hall du réacteur G1 à Marcoule. Les amplis retransmettent le bipbipdes compteurs de neutrons. Puis le rythme saccélère, le crépitement devient continu, de plus en plus intense. Quelquun, quelque part, donne lordre de faire chuter les barres. La galopade exponentielle des neutrons cesse. Les applaudissements éclatent. Cette réalisation permit à notre pays de pratiquer sa « gymnastique nucléaire ».

Rémy Carle, ancien directeur de la construction des réacteurs au Commissariat à l’énergie atomique (CEA)

Monkey Mountain

P.1945-2

Le site est baptisé « Monkey Mountain » [montagne aux Singes] après quun train transportant un cirque a déraillé à proximité. Des singes sen échappent et élisent domicile sur une colline boisée pendant plusieurs années. Depuis 1945, le site sert de décharge pour les résidus des activités de raffinage de luranium.

https://www.cca.qc.ca/fr/articles/issues/19/notre-client-la-planete/40788/regards-sur-lontario-nucleaire

K-25

P.1944-1

150 000 m2, 2 760 000 m3, 25 000 ouvriers, lusine K-25 était le plus grand bâtiment du monde à l’époque de sa construction. Il abrita la première usine de diffusion gazeuse pour lenrichissement de luranium, élément clé du programme national darmement nucléaire.

https://en.wikipedia.org/wiki/K-25

Calutron

D.1943-1

14 700 tonnes d’argent prélevées dans les coffres du gouvernement américain ont été nécessaires pour fabriquer les énormes bobines électromagnétiques de l’usine de séparation isotopique d’Oak Ridge. Les employés travaillent sans le savoir à la production de l’uranium des premières bombes atomiques.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Calutron

Haigerloch

P.1942-1

C’est un cube métallique à la surface irrégulière. Il ne mesure que 5 cm de côté mais pèse plus de 2 kg. Il est accompagné d’une note: “Pris du réacteur que Hitler a essayé de construire. Cadeau de Ninninger.” L’analyse du cube montre qu’il s’agit d’uranium naturel. Il porte des encoches compatibles avec le dispositif… Lire la suite Haigerloch

Radium Palace

P.1911-2

En 1911, l’État ouvre les portes d’une maison thermale. Le Radium Palace est inauguré en 1912, à Sankt-Joachimsthal. La plupart des célébrités de la vie politique, industrielle et culturelle viennent s’y faire soigner. Acheminée par pipeline sur plusieurs kilomètres, l’eau radioactive remplit les piscines.

https://www.laznejachymov.cz/en/history/

Le groupe scolaire Marie Curie de Nogent-sur-Marne a été implanté en 1969 sur le site dune ancienne usine de production de radium. Le minerai y a été stocké, broyé puis traité sans précaution particulière. Les locaux de l’école ont été construits sans aménagement spécifique. Pour répondre à linquiétude de certains habitants, les autorités ont décidé de fermer l’école le 30 juin 1998.

Marie-Christine Robé, « La contamination au radium de l’école Marie-Curie à Nogent-sur-Marne », Congrès SFRP, Saint-Malo, 1er janvier 1999

Joachimsthal

P.1898-1

En 1898, les époux Curie font venir de la mine de Joachimsthal dix tonnes de déchets de lessivage obtenus après la fabrication des couleurs d’urane. Ils en extraient le radium et le polonium. En 1938, la Tchécoslovaquie est annexée par l’Allemagne nazie. L’usine de pigments est démolie. En 1945, l’Union soviétique s’arroge le droit d’exploiter la mine jusqu’à sa fermeture. Des dizaines de milliers de prisonniers sont enrôlés. À la fin des années 1990, on décontamine le site et l’on redessine les paysages marqués par de gigantesques terrils.

https://magazine.cim.org/en/in-search/minings-bohemian-boomtown