Windscale

P.1957-1

10 octobre 1957. La pile nº 1 du centre de Windscale prend feu. L’incendie dure deux jours. Les autorités britanniques minimisent l’affaire. Mais la découverte d’iode radioactif dans le lait oblige à interdire son absorption. Tous les rapports relatifs à l’affaire sont classés « secret militaire ».

https://www.lemonde.fr/archives/article/1986/05/05/l-incendie-de-windscale_2936125_1819218.html

La Grande-Bretagne a connu, il y a environ trente ans, un très grave accident nucléaire. En effet, le 10 octobre 1957, la pile n 1 (air-cooled graphite moderated reactor) du centre atomique de Windscale – dans le nord-est de l’Angleterre, – chargé de fabriquer le plutonium pour les armes atomiques britanniques, prit feu. L’incendie dura deux jours, libérant dans l’atmosphère des éléments radioactifs – iode 131 et polonium 210 notamment – qui se répandirent sur la Grande-Bretagne et une partie de l’Europe du Nord.

Les autorités nucléaires britanniques commencèrent par minimiser l’affaire. Mais la découverte de quantités supérieures à la normale d’iode radioactif dans le lait de la zone contaminée obligea à interdire son absorption à la population dans une zone de 200 miles carrés autour de l’usine. Cependant, tous les rapports relatifs à l’affaire furent classés ” secret militaire “, étant donné le rôle de Windscale dans la force de frappe britannique.

Selon plusieurs rapports rédigés par des physiciens britanniques, accompagnés d’un texte du premier ministre, et présentés au Parlement en novembre 1957, l’accident est survenu pendant une opération de routine ayant pour but de libérer une certaine quantité d’énergie. Cette manœuvre ne se serait pas faite dans de bonnes conditions, d’où la rupture d’une ou plusieurs cartouches d’uranium, dont le contenu s’est lentement oxydé, provoquant par la suite un incendie dans la pile. Celui-ci fut maîtrisé le 11 octobre au matin, et la pile définitivement refroidie le 12 octobre dans l’après-midi.

Cet accident libéra dans l’atmosphère divers radioactifs – iode 131, strontium 90, caesium 137, etc. Du polonium 210 fut également émis. Il provenait de cartouches hermétiquement fermées de bismuth qui, après irradiation, avait été transformé en polonium, un composant important entrant dans la fabrication des bombes.

Les conséquences réelles de l’accident au plan humain ne furent jamais complètement dévoilées. Mais selon un rapport récent du National Radiological Protection Board, il semblerait que l’iode 131 aurait provoqué deux cent soixante cas de cancers de la thyroïde, dont treize mortels. Tandis que le polonium 210 aurait été responsable de la mort d’une douzaine de personnes.

https://www.lemonde.fr/archives/article/1986/05/05/l-incendie-de-windscale_2936125_1819218.html

Rebaptisée Sellafield, la centrale connait un nouvelle incident cinquante ans plus tard. Le 83 000 litres de matière radioactive furent découverts dans une pièce en béton armé (conçue afin de recueillir les fuites) à l’usine de traitement de Thorp à la suite d’une fuite dans une canalisation. La quantité de plutonium libérée, 200 kg, aurait pu suffire pour déclencher un accident de criticité, même si l’enquête estime que la concentration était insuffisante pour cela.

http://archivesgamma.fr/1957/10/10/windscale