Faust

Depuis son arrivée au Metropolitan Opera, son directeur Peter Gelb n’a cessé de vouloir moderniser les productions « traditionnellement traditionnelles » de l’institution new-yorkaise. Ce nouveau Faust, coproduit avec l’English National Opera comme la Madama Butterfly qui ouvrit la première saison du nouveau directeur (voir recension), en est une illustration.  transpose l’ouvrage dans une ère nucléaire, a priori entre les deux guerres mondiales si l’on en juge par l’esthétique générale. Faust n’est plus un vieux docteur mais un savant entre deux âges dans un laboratoire où une foule de scientifiques s’affairent à la mise au point d’une bombe atomique. Dans un décor unique d’échafaudages métalliques qui semble récupéré au garde-meuble d’Olivier Py, chichement égayée par de rares vidéos, un Méphisto maffieux aux allures de Salvatore Dali vient tenter le bon docteur qui, plutôt que rajeuni, est renvoyé dans le à l’époque de ses propres 20 ans, c’est-à-dire durant la guerre de 14. La production s’écoule ensuite de manière assez classique en dehors de quelques bizarreries (par exemple, à la fin de l’acte III, un gigantesque Diable vient assister à l’exultation de Méphisto tandis que Marguerite se perd dans les bras de Faust). Le thème nucléaire revient néanmoins à l’introduction du Walpurgis : le chœur chaussé de lunettes noires, assiste à une explosion atomique projetée sur le rideau de scène ; quand celui-ci se lève, c’est pour laisser place à des démons irradiés. Marguerite, qui a opté pour une coupe de cheveux plus courte, noie son bébé dans le lavabo de sa chambre. A la conclusion du trio, la jeune femme « monte au ciel » par un escalier métallique tandis que Faust s’enfonce dans le sol. On le retrouve vieilli dans son laboratoire où il s’effondre au milieu de ses fioles sans que sa damnation soit évidente (à moins qu’il ne le soit pour avoir conçu la bombe : rien n’est moins sûr). Comme on le voit, pas de quoi fouetter un chat, pas de quoi s’extasier non plus, mais une proposition plutôt honorable et cohérente, sans doute un peu trop sage paradoxalement : pourtant la production aura globalement déchaîné les foudres d’un public et d’une critique particulièrement conservateurs.

Par Jean Michel Pennetier | 19 Janvier 2012 

https://www.forumopera.com/spectacle/atomique

http://archivesgamma.fr/2011/11/01/faust