Couleur chocolat

P.1829-1

En 1829, Chevreul, dans ses Leçons de chimie appliquée à la teinture, note que les propriétés physiques de l’urane sont à peine connues. Je vous parle de l’urane, dit-il, parce que je crois que si ce métal, ou plutôt ses sels, pouvaient être préparés avec économie, on les emploierait dans la teinture de la soie. En effet, quand on a imprégné cette substance d’un sel d’urane, on obtient une couleur chocolat qui est assez solide. Et les soies préparées par ce procédé sont très-belles d’après lui.

Difficile de dire si l’on retrouvera jamais un jour l’un de ces voiles teintés à l’uranium. Mais le chimiste croît beaucoup dans le potentiel de l’urane. Et sa rencontre avec Abel Niépce, le cousin de l’inventeur de la photographie, lui permettra de le faire valoir.

Michel-Eugène Chevreul nait à Angers. Fils et petit-fils de chirurgien, à 7 ans, sur la grand place, il voit la lame de la guillotine s’abattre sur deux jeunes filles accusées de cacher des prêtres réfractaires. Michel-Eugène ne sera pas chirurgien, mais chimiste. À Paris, au Muséum d’histoire naturelle, il travaille au service de Nicolas Louis Vauquelin — l’un des plus grands chimistes de son temps. Sous sa direction, il isole la brésiline du bois de brésil, l’hématoxyline du bois de bûcher, la quercitrine de l’écorce de chêne, la lutéoline du bois de teinturier et la morine du fustic. Il comprend que l’indigo est présent sous sa forme réduite dans le pastel et obtient des cristaux blancs d’indigo qui deviennent bleus à l’air libre. 1ᵉʳ novembre 1824, Chevreul est nommé directeur du laboratoire des teintures de la Manufacture des Gobelins. Obsédé par la couleur, il supervise l’application des teintures aux laines et aux soies, il surveille la fabrication des colorants, il analyse les expériences relatives aux nouveaux produits. Il entreprend surtout un atlas des couleurs — 14 400 tons et coloris, — et il constitue une sorte de musée universel des colorants. Des centaines de produits naturels et artificiel, le jaune du roucou, le jaune du curcuma, le pourpre de l’orseille, le violet de l’aniline, le rouge de l’orcanette, le vert de Chine, le bleu de Prusse, la couleur est une magie et l’urane, aux propriétés si particulières, fait partie du musée. En 1829, Chevreul, dans ses Leçons de chimie appliquée à la teinture, note que les propriétés physiques de l’urane sont à peine connues. Je vous parle de l’urane, dit-il, parce que je crois que si ce métal, ou plutôt ses sels, pouvaient être préparés avec économie, on les emploierait dans la teinture de la soie. En effet, quand on a imprégné cette substance d’un sel d’urane, on obtient une couleur chocolat qui est assez solide. Et les soies préparées par ce procédé sont très-belles d’après lui.

Difficile de dire si l’on retrouvera jamais un jour l’un de ces voiles teintés à l’uranium. Mais le chimiste croît beaucoup dans le potentiel de l’urane. Et sa rencontre avec Abel Niépce, le cousin de l’inventeur de la photographie, lui permettra de le faire valoir.

http://archivesgamma.fr/2024/07/08/16185