En 1818, Caspar David Friedrich peint l’un de ses paysages les plus emblématiques : Voyageur devant une mer de nuages. La toile représente un homme vu de dos, qui contemple des monts métallifères. La mine où l’uranium fut identifié pour la toute première fois se trouve à quelques kilomètres de là.
Situés entre l’Allemagne et la République Tchèque, entre la Saxe et la Bohème, les “monts métallifères” sont un haut lieu du romantisme. Caspar David Friedrich, en 1818, y a peint l’un de ses paysages les plus emblématiques, le “Voyageur devant une mer de nuage”, mais aussi son “Gartenterrasse”, et bien d’autres toiles et esquisses. Avec lui, bien d’autres peintres (Ernst Ferdinand Oehme, JC Dahl, Adrian Ludwig Richter) ont fait de ces montagnes un des hauts lieu du romantisme. Or ce sont précisément de ces montagnes qu’ont été tirés et identifiés les premiers grains d’uranium, de là qu’ont été extraits les premiers grammes de radium. Les soviétiques y ont fait creuser leurs prisonniers pour fabriquer leurs bombes. Ils ont ouvert et fait ouvrir par dizaines des mines en Allemagne de l’est, en République tchèque et en Pologne par dizaines redessinant finalement au bulldozer le profil de ces montagnes lors de la fermeture des sites. Il s’agit en somme du point névralgique de ce que l’on serait tenté d’appeler un “romantisme nucléaire”.
Aram Kebabdjian, Stéfane Perraud, Dossier de présentation des “Archives gamma”, novembre 2020.