Demi-vie

O.2021-1

Au lieu unique, à Nantes, l’auteur Aram Kebabdjian et l’artiste Stéfane Perraud explorent la réalité et l’imaginaire de l’âge nucléaire par le bais d’archives, d’une vidéo sur un futur site d’enfouissement, de mystérieuses sculptures et d’une installation de réalité virtuelle, Zone bleue. Il fallait bien les ressources conjointes du document et de la fiction pour tenter d’appréhender cet irreprésentable que constitue la « demi-vie » des déchets nucléaires, située à quelques milliers d’années de notre temps présent.

Héméra

A.2021-2

Nous sommes en 3620, une équipe de scientifiques se réunit dans le but de préserver la « zone bleue » de l’afflux touristique qu’elle suscite – une forêt entièrement bleue, végétaux et animaux compris. Pourtant, quelques siècles plus tôt, des morts et des pathologies inexpliquées étaient apparues parmi les visiteurs. Les autochtones parlent du mythe d’un soleil mort enfoui sous terre. Et si l’on sait maintenant que la Zone est située au-dessus de déchets radioactifs, il reste beaucoup à découvrir. L’enfouissement des déchets nucléaires : c’est en ce moment le sujet du travail d’Aram Kebabdjian, remarqué pour son roman Les Désœuvrés, et de l’artiste Stéfane Perraud. Ils exposent ensemble à partir du 4 juin au Lieu unique à Nantes (Demi-vie, jusqu’au 29 août). Une nouvelle inédite, en prolongement de leur installation Zone bleue.

https://aoc.media/auteur/aram-kebabdjianaoc-media/

Bleu Gorgone 2 est le fruit d’une technologie de pointe, dernier né d’une série de réacteurs développée par Stéfane Perraud. L’installation invite à s’immerger dans un espace où un rayonnement diffus laisse deviner quatre cuves disposées en croix sur une table optique. Chacun de ces réservoirs est surmonté d’un bloc optique et sonore qui sert d’interface… Lire la suite Bleu Gorgone #2

Il apparaît dans l’eau des réacteurs, dans le combustible usé, dans des piscines d’entreposage et sous forme d’effluents lors du retraitement. Mélangé au deutérium, il entre dans la composition des bombes H et du combustible des réacteurs à fusion. Avec le lithium et le bore, il fait partie des atomes primordiaux impliqués dans le big bang, il y un peu plus de 13 milliards d’années. Sa lumière illumine les cadrans de certaines montres et les instruments de bord, pour la navigation de nuit.

Fils de cuivre, leds, composants électroniques, plexiglas 15 x 15 x 15 cm – 2015

It is found in the water of nuclear reactors, in spent fuel, in storage pools, and as effluent during reprocessing. Fused with deuterium, it is used for H bombs and fusion reactor fuel. Alongside lithium and boron, it was one of the primordial atoms involved in the Big Bang. In the dark, it illuminates watch faces and the displays of navigational instruments.

Copper wires, LEDs, electrical components, Plexiglas, 15 x 15 x 15 cm – 2015

Cette installation interactive est inspirée par l’effet Tcherenkov, un phénomène similaire à une onde de choc produisant un flash lumineux lorsqu’une particule se déplace à une vitesse supérieure à la vitesse de la lumière en milieu aquatique. Cet effet provoque la luminosité bleue de l’eau entourant le cœur d’un réacteur nucléaire. Le bleu évoque ici… Lire la suite Bleu Gorgone #1

Isotopia est une île boréale restée secrète jusqu’à sa découverte le 13 janvier 2015 au campus de Villeneuve-dAscq. Stéfane Perraud et Aram Kebabdjian en ont décrit et représenté les particularités dans un chassé-croisé dimages, dinstallations et de textes. Ce lieu fictif, à la fois décharge à ciel ouvert et laboratoire scientifique, est né dune relecture littérale de la table des isotopes, traversée du nord au sud par une « vallée de la stabilité » telle quon la découvre dans les manuels de chimie. Au loin, dans la masse des montagnes, de petits sentiers filent à deux pas des cimes. Seuls les chasseurs, solidement harnachés, sy risquent les uns derrière les autres.

Cartographie d’Isotopia, gravure laser sur poirier 60 x 90 cm, 2015

Isotopia is a northern isle that remained secret until it was discovered at the Villeneuve-d’Ascq campus on 13 January 2015. Through a series of images, installations, and texts, Stéfane Perraud et Aram Kebabdjian have documented and depicted its distinguishing features. This fictitious place, at once an open-air rubbish dump and a scientific laboratory, was inspired by a literal rereading of the table of nuclides found in chemistry manuals. A “valley of stability” runs from north to south. In the distance, amongst the mountains, small paths approach the summit. Only hunters, securely harnessed, venture there one after the other.

Cartography of Isotopia, laser engraving, pear wood, 60 x 90 cm, 2015

Fragment #12

M.2013-2

Davril 1986 à nos jours, 600 000 personnes ont été chargées de sécuriser le site de Tchernobyl. On les appelle les liquidateurs. Certains sont morts, dautres malades. Tous reçurent une décoration figurant une goutte de sang irradiée. La réplique en plomb de cette médaille, défigurée et comme travaillée par le temps, constitue lune des portes dentrée sur le travail plastique que Stéfane Perraud mène autour de la question nucléaire depuis plusieurs années. En un sens, lointain, déformé, lartiste apparaît comme lun de ces liquidateurs — celui qui après la catastrophe, après le sarcophage, après la maladie, invente les formes et les systèmes, pour donner à voir linvisible radiation.

Médailles en plomb, 20 pièces, 5 cm, 2013

Between April 1986 and the present, 600.000 people have worked to make Chernobyl safe. They are known as the “liquidators”. Some have died, others are sick. All have been awarded a medal decorated with an irradiated drop of blood. A copy of the medal in lead, disfigured and time-worn, is one of the ways into Stéfane Perraud’s artistic project, which has been exploring the nuclear question for several years now. In one distant, transmuted sense, Stéfane Perraud is himself a liquidator, coming after the catastrophe, the sarcophagus, and the sickness to invent new forms and systems to lend the invisible radiation visible form.

Medals, plomb, 20 pieces, 5 cm, 2013