La fusée nucléaire prend forme le 23 février 1967. l 500 MW, 34 t de poussée. À la surprise générale, le programme est interrompu en 1972. En août dernier, la Maison Blanche a chargé la NASA de réactiver son projet de moteur de fusée nucléaire. Il permettrait de remplacer les lanceurs chimiques et faciliter les voyages vers la Lune ou Mars.
Les résultats des essais des réacteurs Kiwi sont si encourageants que la Nasa entreprend le développement d’un propulseur nucléaire susceptible d’être placé sur un premier étage de fusée classique. Mais l’augmentation de puissance du réacteur entraîne des problèmes d’alimentation en hydrogène et des vibrations du moteur. Il faut plus de deux ans pour les maîtriser, avec la série Kiwi B, dont les essais débutent en 1961. Ce moteur est alimenté par de l’hydrogène liquide.
Deux projets pré-opérationnels se concrétisent : l’étage supérieur RIFT (Reactor In Flight Test), confié au centre spatial Marshall de Huntsville (Alabama), et le NERVA (Nuclear Engine for Rocket Vehicle Application) confié à la firme privée Aerojet General. Il s’agit déjà d’engins imposants puisque le RIFT pèse 50 t et que le réacteur Nerva ne mesure pas moins de 7 m de long.
En 1965, la Nasa commence à travailler sur un réacteur expérimental de grande puissance, le Phoebus 1-A. En février 1966, un autre progrès important est obtenu avec le premier réacteur de la série NRX, qui fonctionne pendant 110 minutes, dont 2 min à plus de 1100 MW, puissance électrique des plus grosses tranches de centrales nucléaires actuelles ! Pour la première fois, les turbopompes amenant l’hydrogène ne sont pas isolées du réacteur par du béton, mais directement intégrées sur le bâti même de celui-ci comme sur un vrai lanceur.
La fusée nucléaire prend alors forme et le 23 février l967, un moteur Phoebus 1-B, délivrant 34 t de poussée pour l 500 MW, confirme la validité du concept du réacteur a cœur solide retenu pour le moteur Nerva que Von Braun envisageait d’utiliser comme étage supérieur sur une fusée Saturne, pour les futures missions martiennes.
De mars à septembre 1969, pendant que tous les regards sont tournés vers les premières missions de débarquement sur la Lune, le Nerva subît toute une série d’essais satisfaisants, atteignant une poussée de 25 tonnes.
A la fin de l’année 1969, les Américains peuvent ainsi se vanter d’avoir résolu les principaux problèmes techniques posés par la mise au point d’une fusée nucléaire, qu’il s’agisse de l’alimentation en propergol par turbopompe, de la stabilisation de la réaction en chaîne, de l’arrêt et du réallumage du propulseur, de la tenue des matériaux dans la chambre de combustion et la tuyère, de l’électronique de contrôle et de guidage, de l’évacuation de la chaleur excédentaire et de la protection contre les rayonnements.
La mise au point d’un Nerva opérationnel (d’une poussée de 34 tonnes) et son assemblage comme étage supérieur sur une fusée Saturne 5 apparaissent alors possibles a brève échéance. Mais, à la surprise générale, le programme est brusquement interrompu en 1972, alors qu’un propulseur Nerva 2 de 90 tonnes de poussée, d’une puissance de près de 5000 MW, est en cours de mise au point.
Les spécialistes américains ont en tout cas franchi beaucoup de barrières technologiques et étaient sur le point après dix ans d’essais, de disposer d’un propulseur opérationnel. Le champ de tir de Jackass Flats est fermé en 1973 avant d’être tout aussi mystérieusement réouvert en 1991. Mais au centre nucléaire de Los Alamos, les études théoriques n’ont jamais vraiment cessé…
http://jpcolliat.free.fr/lune/nerva_3.htm