Le vol spatial nucléaire n’est pas facilement réalisable. Les fusées spatiales exigent non seulement de l’énergie, mais aussi de la masse, de la matière éjectée vers l’arrière, ce que le combustible nucléaire fournit très peu. Pour les fusées, la limite n’est pas le manque d’énergie, mais la haute température atteinte. Les tuyeres utilisées sont déjà chauffées au rouge : l’addition d’un carburant encore plus énergétique élèverait sans doute la température au-delà des possibilités du métal.
Une approche complètement différente du vol spatial est celle du physicien nucléaire Théodore Taylor, qui avait mené à bien une carrière dans la mise au point des bombes nucléaires et qui, pris de doutes personnels, s’est ensuite entièrement consacré à d’autres taches.
Taylor avait projeté rien de moins qu’un vaisseau spatial propulsé par bombes atomiques. Sa partie arrière aurait été constitué d’un plateau métallique massif, troué en son centre. A intervalles appropriés une bombe atomique y aurait été éjectée et éclaterait à une distance convenable de la fusée. La bombe serait entourée d’un plastique riche en hydrogène, que l’énorme chaleur transformerait immédiatement en un gaz extrêmement chaud, très riche en hydrogène. Ce gaz, se dispersant dans l’espace, frapperait avant tout le plateau, et la pression propulserait le vaisseau spatial vers le haut.
L’idée avait été d’abord émise par Ulam et Everett en 1955, mais aucun vol spatial pratique n’ a pu être réalisé (Stanislaw Ulam fut aussi l’un des concepteurs pratique de la bombe H. (Voir « le Soleil Sombre » de Richard Rhodes). En 1958 Taylor obtenait l’appui de l’armée de l’air et le projet, nommé « Orion », commencait. Il a attiré une équipe de rêveurs pratiques, parmi eux Freeman Dyson, un physicien théorique distingué de l’Institut des études Avancées de Princeton.
Les sept années suivantes, les plans d’un vaisseau spatial propulsé par bombes ont pris corps, moyennant environ 10 millions de dollars. Des maquettes de ce vaisseau ont été réellement construits et dans une expérience tout à fait réussie un modèle a été propulsé en hauteur par une série de charges explosives conventionnelles, éjectées de l’arrière. Bien que les détails restent confidentiels (ils concernent beaucoup la technologie des bombes), les concepteurs déclarent qu’aucun problème technique ne fut une pierre d’achoppement, ni l’orientation vers le bas » du propulseur plat « , soumis aux explosions, ni le danger d’irradiation des passagers du vaisseau spatial, ni d’autres détails.
« Orion » est destiné aux énormes vaisseaux spatiaux, pesant des milliers de tonnes. On a parlé d’un vol vers les étoiles lointaines avec un vaisseau spatial » classique » mais de 40 millions de tonnes, actionnés par 10 millions de bombes! Finalement ce projet a été abandonné, parce que la perspective de faire éclater un aussi grand nombre de bombes nucléaires dans ou près de l’atmosphère a semblé trop effrayante. Le monde s’est réveillé pour comprendre dans quelle mesure les débris radioactifs contaminent l’atmosphère et un traité interdisant les essais nucléaires a été signé en 1963, entraînant aussi la fin de « Orion ».
Dr. David P. Stern, « Les routes de l’ Espace par la puissance Nucléaire :
Un projet en gestation », trad. Guy Batteur
https://pwg.gsfc.nasa.gov/stargaze/Fnucfly.htm