Veillée

O.2012-6

La salle de répétition du Conservatoire de Prypiat, ville évacuée en 1986. Dans un décor délabré, dans une pièce aux portes et fenêtres ouvertes, trône un piano renversé. Quelle est l’histoire de cette scène ?

En 2009, Elena Costelian a passé un mois en bordure de la « zone interdite » dans le village de Volodarka, à 40km de Tchernobyl. Vingt-trois ans après l’explosion du réacteur n°4 de la Centrale Lénine, l’artiste a arpenté un territoire et a rencontré des habitants laissés à leurs souvenirs et abandonnés au tourisme. Selon ses propres mots,
« Tchernobyl est devenu un musée à ciel ouvert ». En 2011, l’artiste entame son Tchernobyl on tour par une série de photographies qui dévoilent à la fois la banalité du site et l’exploitation qu’il subit. Elle relève l’extrême ambiguïté économique et politique qui règne sur les lieux. Une des images vues sur place a particulièrement accroché son regard : la salle de répétition du Conservatoire de Prypiat, ville évacuée en 1986. Dans un décor délabré, dans une pièce aux portes et fenêtres ouvertes, trône un piano renversé. Quelle est l’histoire de cette scène ? Quelle histoire
cette image évoque-t-elle à ceux qui la découvrent ? Dans La Veillée, l’artiste procède à une reconstitution en volume de cette image, tel un décor de théâtre de la salle du Conservatoire et amène le spectateur à affronter une mise en scène à la fois grotesque et douloureuse.

Dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine, l’Orchestre Symphonique de Mulhouse proposera autour de Tchernobyl on tour deux concerts gratuits à la Kunsthalle.
« En regardant la photo prise par Elena Costelian de la salle de répétition du Conservatoire de Pripyat et en discutant avec elle notamment sur la théâtralité qui se dégage de ce piano renversé, nous avons pensé mettre en scène les dernières notes de cet instrument. Chostakovitch, compositeur russe du XXe, à la fois officiel du régime soviétique mais aussi moderne voire dissident dans ses œuvres, a certainement été joué dans ce conservatoire. Nous avons donc choisi un mouvement du 2e concerto pour piano. La partie de soliste ne sera pas intégralement jouée. Ces omissions symboliseront d’une certaine manière les sonorités, les résonances disparues après la catastrophe. Summa, d’Arvo Pärt est une œuvre initialement composée pour chœur basée sur le Credo hérité de la modalité grégorienne. Le style musical fait s’entremêler les voix et conduit à une sorte de transe quasi mystique par la répétition de cellules mélodiques. Duet de Steve Reich dégage une énergie positive et créatrice, comme un retour à une temporalité humaine après cette période figée. »
Gwennolé Rufet,
directeur musical et artistique
en charge de la programmation de l’OSM 2012-2013

La Veillée, 2012
Installation, ©La Kunsthalle Mulhouse
Production La Kunsthalle Mulhouse
Remerciements à la DRAC Alsace, Nicolae Costelian, Marc Laperrouze, Hervé Cherblanc et les Ateliers de Construction du TNS pour leur précieuse collaboration.

http://kunsthallemulhouse.com/wp-content/uploads/2014/02/TCHERNOBYL-ON-TOUR-ET-S-EN-ALLER-Dossier-Presse.pdf

http://archivesgamma.fr/2021/09/19/veillee