Empyreume

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Johann C. Dippel aurait disséqué des centaines d’animaux, exhumé des cadavres , tenté de faire migrer une âme d’un corps à l’autre.Une légende tenace fait de lui l’inspiration du Frankenstein de Mary Shelley. L’huile qui porte son nom (Oleum empyreumaticum) est une décoction d’os, de graisse, de sang, de corne, de peau et de poils de bêtes bouillis. Avec elle, l’alchimiste pense avoir mis à jour l’élixir de longue vie. En 1706, à Berlin, quelques grammes de cette huile revigorante furent incorporés à une préparation de laque rouge, donnant vie au bleu de Prusse. En 1963, le médecin et pharmacologue croate Vladimir Nigrovic découvrit que le bleu de Prusse favorisait l’élimination du césium radioactif chez les rats. On s’en sert depuis pour traiter hommes et bêtes en cas d’accident nucléaire.

Branche de bois de hêtre, argilite, vertèbres humaines, nanoparticule d’or sur silice, bleu de Prusse, bleu de cobalt, rouge de mercure. Dimension variable.

 

Johann Conrad Dippel a écrit une dizaine de livres et ne chercha rien sinon percer le secret de la vie éternelle. Il aurait disséqué des centaines d’animaux, sorti les cadavres de leurs tombeaux, tenté de faire migrer une âme d’un corps à l’autre, muni d’un entonnoir. Une certaine huile animale porte encore son nom. L’huile Dippel, Oleum empyreumaticum. Une décoction d’os, de graisse, de sang, de corne, de peau et de poils de bêtes bouillis. Son odeur est pestilentielle. On pensa longtemps qu’elle permettait de guérir de l’asthme, du cancer du sein, de la constipation, du coryza, des paralysies faciales, des gonorrhées, de la migraine, du polyuria, des affections de la prostate et des névralgies du cordon spermatique. Avec cette huile, Dippel imaginait avoir mis au jour le véritable élixir de longue vie des alchimistes. En 1706, à Berlin, un teinturier suisse travaillait dans son laboratoire. Un jour qu’il s’affairait à produire une laque rouge, il incorpora à sa préparation quelques grammes de potasse dont il ignorait qu’elle était saturée de l’huile revigorante de l’alchimiste. Le mélange donna vie à un intense et palpitant précipité bleu. Le bleu de Prusse. Dippel ne parviendra jamais à se faire appeler Comte de Frankenstein, du nom du château où il est né, le 10 août 1673. Une légende tenace fait pourtant de lui l’inspiration du Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley. En 1963, le médecin et pharmacologue croate Vladimir Nigrovic (1934 – 2008) découvrit qu’en administrant du bleu de Prusse à des rats, l’excrétion du césium radioactif du corps de l’animal pouvait être considérablement améliorée. Depuis, on s’en sert pour traiter hommes et bêtes en cas d’exposition au césium radioactif.

Aram Kebabdjian “Prométhée bleu”, Brouillons.

 

Johann Conrad Dippel dissected hundreds of animals, removed corpses from their tombs, and even attempted to transfer a spirit from one body to another. An animal-based oil still bears his name. Dippel’s oil, oleum empyreumaticum, is a decoction of bones, fat, blood, horn, boiled animal skin and fur. Dippel thought he had uncovered the alchemist’s elixir of life. It was long believed that the oil cured asthma, cancer, constipation, head colds, facial paralysis, gonorrhoea, migraines, polyuria, prostate conditions, and neuralgia of the spermatic cord. In 1706, a Swiss pigment maker was working in Dippel’s Berlin laboratory. One day, when attempting to make a red varnish, he incorporated into the mixture a few grams of potassium, unaware that it had been soaked in the alchemist’s reinvigorating oil. The concoction created an intense and captivating blue: Prussian blue. Dippel would never call himself Count Frankenstein, the name of the castle where he was born on 10 August 1673. Yet, legend has it that the inventor was the inspiration for Mary Shelley’s Frankenstein. In 1963, Croatian doctor and pharmacologist Vladimir Nigrovic (1934–2008) discovered that administering Prussian blue to rats considerably improved the excretion of radioactive caesium from the animal’s body. Since then, it has been used to treat humans and animals who have been exposed to radioactive caesium.

http://archivesgamma.fr/2021/04/15/empyreume