S1W

On a peine à imaginer aujourd’hui les difficultés que dut surmonter l’amiral Rickover (capitaine de vaisseau à l’époque) pour convaincre l’état-major de la marine américaine de l’intérêt des sous-marins nucléaires. La propulsion nucléaire donne à un navire un rayon d’action illimité. Une première étude du Laboratoire National d’Argonne, près de Chicago, montra qu’il était possible de réaliser un réacteur compact, donc logeable dans un sous-marin, en utilisant de l’uranium
enrichi refroidi par de l’eau sous pression. Et en 1949, démarra la construction d’un prototype S 1 W (S, comme Submarine; 1, numéro d’ordre; W, comme Westinghouse, constructeur). Installé à la station d’essais de la marine (NRTS, Navy Reactor Test Station) d’Arco, dans l’État de l’Idaho, en plein désert, il divergea le 30 mars 1953. C’est le prototype de tous les réacteurs à eau sous pression.
Les résultats de l’expérience avaient été suffisamment prometteurs pour mettre sur cale dès juin 1952 un sous-marin nucléaire. Premier d’une longue série, le Nautilus fut lancé à Groton (Connecticut) en janvier 1954 et mis en service en 1955. Sa croisière sous la calotte glaciaire de l’Arctique et son passage au pôle Nord le 3 août 1958, redoublé peu après par le Skate, autre sous-marin nucléaire, ont montré la fiabilité de cette technique et ses performances. A leur tour, l’Union
soviétique, la Grande-Bretagne, la France et récemment la Chine allaient développer la technologie des sous-marins nucléaires à eau sous pression. Un autre modèle refroidi au sodium fut essayé aux États-Unis à partir de 1952 (SIR, Submarine Intermediate Reactor). Il équipa le sous-marin Seawolf, qui parcourut 70 000 milles marins de 1957 à 1959 mais fut abandonné après des fuites de sodium aux surchauffeurs de vapeur

Leclercq, L’Ere atomique, 

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