Mercure rouge

La chasse au mercure rouge dure depuis des siècles. On prête à cette substance la réputation de pouvoir contribuer à la confection de bombes à neutrons de très petite taille, aussi dangereuses que des bombes nucléaires. Elle serait capable de diffuser des nuages toxiques et détraquer les radars…

À en croire la BBC, de nombreux malfaiteurs du monde entier rêvent de s’en procurer. À commencer par les terroristes du mouvement État islamique, en quête d’un explosif au pouvoir de destruction surpuissant.

Pourtant ce fameux mercure rouge ne serait que pur fantasme. « Aucun type de mercure ne pourrait assurer de tels effets mortifères »assure Peter Zimmermann, un physicien nucléaire interrogé par le New York Times Magazine.

De nombreux chercheurs du monde entier se sont penchés sur l’histoire du mercure rouge. Ils tentent évidemment d’expliquer pourquoi son mythe perdure. Et au fil des années, plus ils apportent de démentis sur son existence, plus les rumeurs affirmant le contraire se renforcent…

Lisa Wynn, directrice du département d’anthropologie de l’Université Macquarie à Sydney, a notamment découvert que la première fois que ce phénomène avait été évoqué remonte à l’Égypte antique. À cette époque, a-t-elle constaté, on prête notamment au mercure rouge des pouvoirs magiques de guérison dans les pays arabes.

Dans les années 1960, un prince saoudien dont la mère était gravement malade avait entendu dire par un guérisseur que le seul moyen de la sauver était d’aller en Égypte pour se procurer cette substance, qu’on ne pouvait trouver que dans la gorge des momies. L’homme était prêt à dépenser des fortunes pour se procurer de ce fameux élixir. Il alla rencontrer le Dr Zahi Hawass, égyptologue de renom, qui travaillait dans les fameuses pyramides de Gizeh, pour lui demander de lui en procurer. Mais, à sa grande déception, l’égyptologue lui avoua que ce mercure n’existait pas, que ce n’était qu’une légende, une pure invention.

Plus récemment, certains chercheurs de mercure rouge en sont venus à croire qu’on pouvait le trouver dans des nids des chauves-souris. Or, les chauves-souris ne construisent pas de nids. Ce qui n’a pas empêché des chercheurs de fortune à perturber leur habitat dans certaines régions du monde, signale la BBC. Certains prétendaient que la substance provenait en particulier des chauves-souris vampires. L’ail serait censé repousser le mercure rouge, tandis que l’or agirait sur lui comme un aimant…

De son côté, le New York Times Magazine, qui s’est également intéressé à ce mythe, raconte que la première mention du mercure rouge a surgi en Union Soviétique en 1979 sur fond de guerre froide. Les Américains faisaient courir le bruit que les Russes préparaient secrètement des armes nucléaires.

Plus tard, dans les années 1990, on prête aux Américains et aux Russes, d’avoir collaboré dans le mensonge de l’existence de cette substance pour tromper des trafiquants d’armes et procéder à des arrestations en flagrant délit. L’International Business Times note que ce stratagème a été réutilisé à l’orée des années 2000 par les services de renseignement américain. Lesquels faisaient miroiter aux agents d’Al-Qaïda une vente de mercure rouge pour les obliger à risquer le voyage jusqu’aux États-Unis, où des agents secrets les attendaient pour les cueillir.

Interrogé par la BBC, un spécialiste évoque, lui, que le seul minerai à la couleur rouge existant réellement et contenant du mercure, le sulfure de mercure. Cette substance relativement banale est aussi connue sous le nom de cinabre et bien qu’il soit très utile pour décorer la poterie, il ne guérit rien. Il pourrait même être nocif. Non pas parce qu’il est très explosif, mais tout simplement parce que le mercure ordinaire est dangereux pour la santé humaine.

http://archivesgamma.fr/1979/01/26/mercure-rouge