Construite au bord du Danube, la centrale autrichienne n’a jamais reçu le moindre gramme d’uranium. C’est pourquoi aucune combinaison protectrice n’est nécessaire. Seuls les scintillements des panneaux électriques dans la salle de contrôle donnent une touche de vie au fantôme. Le site a accueilli une école primaire, une caserne de gendarmerie, des concerts et même servi de décor de cinéma. « Beaucoup de photographes veulent y faire des photos de nus, mais nous refusons », précise le guide.
« Au cœur d’une centrale fantôme », L’Est républicain, 1er avril 2011
« Attention au contenu de vos poches en vous penchant au-dessus du cœur du réacteur», prévient le guide. A Zwentendorf, près de Vienne, c’est le principal risque : la centrale nucléaire n’a jamais fonctionné et ses visites sont prises d’assaut depuis l’accident de Fukushima. Perché sur la machine à changer les barres de combustible, Heinrich Kramel plonge son regard dans l’abîme de béton armé, 40 mètres plus bas. Avec son téléphone portable, il immortalise l’un des temps forts du circuit figé depuis le rejet de l’atome par les Autrichiens par référendum en novembre 1978. Flambant neuve, l’unique centrale autrichienne, construite au bord du Danube, est restée en l’état, morte-née avant de consommer le moindre gramme d’uranium. C’est pourquoi aucune combinaison protectrice n’est nécessaire pour contempler cette nature morte industrielle dont les tons orangés, des sous-vêtements des ouvriers, permettent de dater l’époque. Seuls les scintillements des panneaux électriques dans la salle de contrôle donnent une touche de vie au fantôme.
Après l’abandon du nucléaire, le site a accueilli une école primaire, une caserne de gendarmerie, des concerts et même servi de décor de cinéma. «Beaucoup de photographes veulent y faire des photos de nus, mais nous refusons», précise le guide, Stefan Zach.
Longtemps symbole d’un échec à un milliard d’euros, la centrale a retrouvé depuis quelque temps une once de sa vocation. Elle produit de l’électricité … solaire depuis 2009, grâce à des panneaux d’une puissance -modeste- de 0,2 MW, disséminés sur la façade et au pied de l’immense cheminée. Zwentendorf est surtout devenu un lucratif réacteur-école, où des techniciens allemands s’entraînent sans risque de radiation : «C’est notre contribution à la sécurité nucléaire», juge Stefan Zach.
La centrale a été le lieu de tournage de Grand Central de Rebecca Zlotowski, avec dans les rôles principaux Tahar Rahim et Léa Seydoux.
« Au cœur d’une centrale fantôme », L’Est Républicain, 01 avr. 2011