Les techniciens américains doivent faire exploser dimanche, à 16 heures – heure française, – une charge nucléaire de 5 kilotonnes dans un site souterrain aménagé au sud-est de la ville de Carlsbad, dans le Nouveau-Mexique Cette expérience, à laquelle de nombreux hommes de science étrangers assisteront et qui répond au nom d’opération Gnome, a pour but d’étudier la manière dont il serait possible de tirer un profit pacifique des explosions atomiques. Ce sera la première fois que l’on provoquera la détonation d’un engin nucléaire en poursuivant des objectifs exclusivement pacifiques. Aussi, nombreux sont ceux qui voient dans cette expérience un événement appelé, disent-ils, à faire date.
L’opération Gnome est prévue pour dimanche aux États-Unis
Les techniciens américains doivent faire exploser dimanche, à 16 heures – heure française, – une charge nucléaire de 5 kilotonnes dans un site souterrain aménagé au sud-est de la ville de Carlsbad, dans le Nouveau-Mexique Cette expérience, à laquelle de nombreux hommes de science étrangers assisteront et qui répond au nom d’opération Gnome, a pour but d’étudier la manière dont il serait possible de tirer un profit pacifique des explosions atomiques. Ce sera la première fois que l’on provoquera la détonation d’un engin nucléaire en poursuivant des objectifs exclusivement pacifiques. Aussi, nombreux sont ceux qui voient dans cette expérience un événement appelé, disent-ils, à faire date.
L’opération Gnome n’est d’ailleurs que la première de toute une série d’essais dont l’ensemble constitue le projet Plowshare (Soc de charrue). Mis au point par les techniciens du Lawrence Radiation Laboratory, à San-Francisco, ce projet doit permettre un examen méthodique de toutes les applications possibles des explosions nucléaires souterraines ; ainsi prévoit-on d’y recourir pour » régénérer » un gisement d’hydrocarbure (opération Oilsand) ou à creuser un port (opération Chariot).
L’expérience qui sera tentée dimanche répond, elle, à une triple préoccupation : déterminer s’il est possible de tirer un parti industriel de la chaleur dégagée par une explosion souterraine en utilisant la vapeur qui se forme dans la cavité creusée par la détonation (1); étudier si on peut recourir à un tel moyen pour former des radio-isotopes artificiels; enfin, employer le flux de neutrons formé par l’explosion à des expériences de physique. Accessoirement, on compte retirer de cet essai des enseignements sur la détection des explosions clandestines et sur la manière dont se comporte devant une très forte et très rapide augmentation de température une masse de sel.
Dans un gisement de sel
C’est en effet dans un gisement de sel, à 365 mètres de la surface du sol, que la bombe – trois fois moins puissante que celle qui détruisit Hiroshima – doit éclater. Le terrain a été aménagé pour permettre à de nombreuses expériences d’être effectuées. On y a notamment disposé un tube a vide de 300 mètres de long communiquant à une de ses extrémités avec la chambre d’explosion et à l’autre avec une salle d’expériences où a été monté un ingénieux appareil permettant d’étudier en fonction de l’énergie des particules reçues l’effet d’un bombardement neutronique sur des substances minérales.
On s’attend qu’il n’y ait aucun dégagement de radioactivité à la surface du sol et que le terrain aux alentours du lieu de l’explosion ne soit pas ébranlé. Cependant, il a été décidé à titre de précaution que les grottes de Carlsbad, site touristique bien connu, et les mines situées dans les parages ne seraient pas accessibles dimanche.
https://www.lemonde.fr/archives/article/1961/12/11/l-operation-gnome-est-prevue-pour-dimanche-aux-etats-unis_2280332_1819218.html
Photo de la cavité créée par l’explosion, prise par un homme (Wikicommons)