Berlyn Brixner

A.1945-1

Photographier tous les aspects dun événement inconnu et imprévisible qui commence par le flash de lumière le plus brillant jamais produit sur terre. Berlyn Brixner, à 9 km de la détonation, utilisa cinquante appareils à différentes vitesses dobturation. 100 000 photographies de la première explosion nucléaire jamais réalisée par l’homme furent réalisées en quelques secondes, ce 16 juin 1945.

https://atomicphotographers.com/photographers/berlyn-brixner/

À l’ du 16 juillet 1945, tandis que Mack et son adjoint, Ben Benjamin, s’affairaient dans un abri construit à l’ouest du Point Zéro13, une grande partie de l’activité cinématographique avait été confiée à un opérateur professionnel de 34 ans, Berlyn Brixner. Cet ancien employé du Service de préservation des terres d’Albuquerque avait été désigné quelques jours plus tôt pour enregistrer l’explosion nucléaire. Il disposait à cette fin d’une batterie de 37 caméras, parmi lesquelles des Fastax et des Ciné E 16 mm à déclenchement automatique, mais aussi d’une Mitchell 35 mm qui allait lui permettre de filmer le déploiement du champignon atomique en temps réel. Tout cet arsenal avait été installé dans un abri souterrain renforcé de ciment, situé à 9150 mètres au nord du Point Zéro14. Brixner faisait partie d’une équipe de vingt-sept techniciens placés ce matin-là sous le double commandement de R.R. Wilson et du Dr Henry Barnett. Par mesure de précaution, le matériel cinématographique avait été sécurisé dans deux petits bunkers d’acier et de plomb15 : il s’agissait en effet de protéger les appareils de prises de vues des radiations qui ne manqueraient pas de voiler les pellicules. À l’abri derrière leur rempart de métal, les caméras furent donc braquées vers le haut et enregistrèrent, à travers d’épais hublots de verre, la réflexion de la déflagration sur des miroirs inclinés implantés à l’extérieur. Souvent surexposées, en particulier au tout début de l’explosion16, ces images n’en fournirent pas moins de précieux enseignements sur l’enchaînement des événements.

11Brixner a raconté à plusieurs reprises la stupeur qui s’empara de lui au moment de la mise à feu. Le viseur de sa Mitchell s’illumina brutalement et il dut détourner les yeux, à demi aveuglé. Autour de lui, les montagnes voisines étaient visibles comme en plein jour. « Je vis cette énorme boule de feu qui s’élevait. J’étais littéralement fasciné et me contentais de la regarder. Soudain, il me revint à l’esprit que j’étais là pour la filmer.17 » D’un geste brusque, il redressa sa caméra pour suivre l’ascension du champignon atomique. Ce violent à-coup, fixé une fois pour toutes sur la pellicule, témoigne aujourd’hui encore de façon indirecte de la stupeur qui s’empara à cet instant de l’assistance.

12Quelques secondes après le déclenchement de la fission nucléaire, la plupart des caméras avaient déjà consommé leurs réserves de pellicule vierge. Tous les cas de figures avaient été envisagés : prises de vues variant du très gros plan au plan général, tournages à vitesse normale ou au ralenti, voire à l’ultra-ralenti. Les analystes disposèrent ainsi de toute une gamme d’outils descriptifs qui leur permirent ensuite de commenter l’expérience. Le début de l’explosion, filmé en très gros plan, avait ainsi été enregistré par une Fastax au rythme de 7143 i/s (une image toutes les 0,14 millisecondes) ; l’expansion rapide de la « boule de feu » donna lieu à un plan rapproché tourné à 30 i/s, etc.18

13Emporté par les courants aériens, le nuage de poussières radioactives se propagea rapidement vers le Nord-Est. Douze minutes après la mise à feu, les appareils de détection révélèrent une rapide augmentation de la radioactivité dans l’abri Nord. Ordre fut donc donné d’évacuer de toute urgence les lieux. Pris en charge par des véhicules militaires, les techniciens contournèrent la zone contaminée et rejoignirent le camp de base situé 16 km au sud du Point Zéro19.

14Dans les jours qui suivirent, Berlyn Brixner donna ses films à développer aux photographes de la base militaire de Wendover dans l’Utah. L’analyse des plans tournés à l’ultra-ralenti permit au physicien anglais Geoffrey Taylor de calculer l’énergie dégagée par la fission nucléaire, soit, nous l’avons vu, 19 kilotonnes d’équivalent TNT. Dans le même temps, Brixner confia le négatif 35 mm obtenu à l’aide de la caméra Mitchell en main propre au général Leslie Groves, quelques jours avant le bombardement de Hiroshima20. Conçue à l’origine comme un témoignage scientifique et comme un instrument d’analyse, la bande en question allait être dorénavant instrumentalisée par la propagande américaine.

https://journals.openedition.org/1895/3222?lang=fr

Berlyn Brixner was the head photographer for the Manhattan Project’s Trinity Test, the first detonation of a nuclear (plutonium fission) weapon. This detonation occurred on July 16, 1945 in Alamogordo, New Mexico. Brixner’s objective as a member of the Manhattan Project can be best described as follows: Photograph all aspects of an unknown and unpredictable event that begins with the brightest of light ever produced on Earth. To accomplish this, Brixner was stationed 10,000 yards (5.68 miles) away from the detonation. He incorporated fifty cameras of various running speeds using 16-millimeter black-and-white film positioned at different locations in order to capture in full and slow motion. These cameras were positioned at every possible angle, distance, and available film speed. All the cameras, including the one he had in his lap at the time of the atomic bomb’s detonation were operated from a central control station. Approximately 100,000 photographs were made of the Trinity atomic bomb test.

Brixner was hired into Los Alamos National Laboratory’s Manhattan Project in 1942 in the first year of World War II. He designed and engineered extremely high speed cameras under the direction of Professor Julian Mack, a former professor at the University of Wisconsin. At the time Brixner began working with Mack, there was no camera with the microsecond resolution needed for research purposes in the development of the first atomic bomb. They had the Mitchell camera capable of operating at 100 frames per second (fps), a Fastax at 10,000 fps, and a Marley at 100,000 fps. In addition, the drum streak (moving slit image) had 10-5 second resolution, and electro-optical shutters providing 10-6 second resolution. Julian Mack invented a rotating-mirror camera for 10-7 second resolution, which was in use by 1944. Small rotating mirror changes secured a resolution of 10-8 second. Photography of oscilloscope traces soon recorded 10-6 resolution, which was later improved to a resolution of 10-8 seconds. Brixner and Mack would eventually design and build framing cameras having the ability to operate at speeds of 50,000, 1,000,000, 3,500,000, and 14,000,000 fps.

Following World War II, Brixner worked until his retirement at Los Alamos National Laboratory (LANL), as head of the Optical Engineering Group. His photography and scientific work are contained in the LANL Historical Archives.

The film strip that captured the complete detonation of the Trinity atomic bomb as a result of Brixner’s efforts is not generally considered to be as artistically important as it is scientifically important. But from a moral, sociological, and political point of view, it contains some of the most significant images captured on celluloid film of the twentieth century. Brixner’s images of Trinity captured the intensity, violence, and horror of the first nuclear weapon ever detonated. Beryln Brixner was the first atomic photographer.

https://atomicphotographers.com/photographers/berlyn-brixner/

July 16, 1945
5:29:45 a.m. (Mountain War Time)
Trinity Site, Alamogordo Test Range, Jornada del Muerto desert.
Yield: 19 – 21 Kilotons

Bulle de plasma de 266 mètres de diamètre formée par Gadget, lors de l’essai Trinity, après 0,025 seconde.

https://www.atomicarchive.com/media/photographs/trinity/fireball-2.html

http://archivesgamma.fr/1945/07/12/beryl-brixner-2