présence de phénomènes complètement inconnus.
Plusieurs théories furent proposées pour expliquer les faits, mais la seule qui ail survécu est celle de la dislocation des atomes. Chose très importante à constater, c’est que cet émiettement de l’atome est, un phénomène absolument général. On trouve aujourd’hui de la radio activité —
terme par lequel on désigne aussi la fragmentation de l’atome — à peu près partout ; dans certains métaux frappés par la lumière, dans l’eau, le sable, l’argile, là brique, etc.
M. Le Bon écrit : Que devient la matière en se dissociant ? Peut-on supposer que les atomes en se désagrégeant ne font que se diviser en parties plus petites formant ainsi une simple poussière d’atomes ? Nous verrons qu’il n’en est rien et que la matière qui se dissocie se dématérialise en passant par des phases successives qui lui font perdre graduellement ses qualités de matière jusqu’à ce qu’elle soit finalement retournée à l’éther impondérable d’où elle semble issue.
Après avoir reconnu que les atomes peuvent se dissocier, il fallait rechercher où ils puisent l’immense quantité d’énergie nécessaire pour lancer dans l’espace des particules avec une vitesse de l’ordre de celle de la lumière.
L’explication était en réalité assez simple puisqu’il suffisait de constater, comme j’ai essayé de le montrer, que loin d’être une chose inerte, capable seulement de restituer l’énergie qui lui a été artificiellement fournie, la matière est un réservoir énorme d’énergie, l’énergie intra-atomique.
Mais une telle doctrine heurtait trop de principes scientifiques, fondamentaux, séculairement établis, pour être immédiatement admise et avant qu’on l’acceptât, diverses hypothèses furent successivement proposées.
Habitués à considérer comme des vérités absolues les principes rigides de la thermodynamique, persuadés qu’un système matériel isolé ne peut posséder d’autre énergie que celle qui lui a été d’abord fournie du dehors, la plupart des physiciens persistèrent longtemps, et quelques-
uns persistent encore, à chercher à l’extérieur les sources de l’énergie manifestée pendant la dissociation de la matière. Naturellement ils ne la trouvaient pas, puisqu’elle est dans la
matière même et non extérieure à elle.
Ces idées ne sont pas particulières au docteur Le Bon, car voici ce qu’écrivent maintenant des physiciens éminents comme MM. Lodge et Crookes :
Nous ne devons plus admettre, dit le premier, que l’atome est permanent et éternel. La matière peut
probablement naître et périr. L’histoire d’un atome présente des analogies avec celle d’un système solaire.
Dans la théorie électrique de la matière, la combinaison des électrons peut produire l’agrégat électrique appelé un atome, et sa dissociation s’accompagne d’un phénomène de radioactivité.
W. Crookes, à son tour, arrive à une conclusion analogue :
Cette fatale dissociation des atomes, dit-il, semble universelle. Elle se manifeste quand nous frottons un bâton de verre, quand le soleil brille, quand un corps brûle, quand la pluie tombe, quand les vagues de l’océan se brisent. Et, bien que la date de l’évanouissement de l’univers ne puisse être calculée, nous devons constater que le monde retourne lentement au brouillard informe
du chaos primitif. Ce jour-là, l’horloge de l’éternité aura terminé son cycle.
Ainsi donc, la matière n’est pas éternelle. Lentement, sous l’influence de causes très diverses que nous énumérons plus loin, elle se fragmente en une poussière de corpuscules dont il est impossible de s’imaginer le prodigieux état de ténuité, puis s’évanouit dans l’éther. L’atome est déjà quelque chose de presque incompréhensible pour nous, puisque Crookes a montré que dans un ballon de 13 centimètres de diamètre où le vide a été fait au millionième, il doit passer trois cents quintillions de molécules par seconde dans l’ouverture la plus fine, celle produite au moyen d’une étincelle électrique, — pour que le vide soit comblé en une heure et demie !