« … Hiroshima, les ombres d’Hiroshima ; dans le désert de la catastrophe atomique, elles ont été un témoignage sans doute terrible, mais cependant un témoignage tout de même d’espoir de la survie et de la permanence, même immatérielle, de la chair. »
La bombe a bien évidemment marqué la ville d’Hiroshima ainsi que toute la société japonaise. Outre les destructions, elle a aussi laissé des traces sur le sol, avec un curieux phénomène à Hiroshima, mais aussi à Nagasaki. Quelques semaines après l’explosion, les scientifiques virent que le flash de la bombe avait décoloré le béton. La bombe avait laissé des marques correspondant aux projections des objets, des corps et du mobilier urbain, un peu comme une projection photographique. La chaleur due aux rayonnements thermiques a rendu visible les ombres portées sur le sol. Les ombres pouvaient représenter un homme qui se tenait là au moment du drame et qui avait en quelque sorte « protégé » le mur des dommages causés par la bombe. Il en était de même avec une échelle, une vanne ou les pylônes d’un pont.
Les silhouettes par l’absence de contours nets en raison de la technique sont fantomatiques telles des apparitions. Prises dans le format de seulement 1m40 de haut elles semblent vouloir s’en échapper par la gauche ou la droite mais ne pas y parvenir comme le suggère la silhouette du centre.
L’absence de traits caractéristiques pour les visages fait de ces corps ceux de tous . L’oeuvre ne cherche donc pas à montrer de femmes particulières mais l’être humain en général. Par l’utilisation d’une seule couleur, le bleu Klein, l’artiste fait preuve de sobriété . Le bleu étant une couleur froide et symboliquement reliée à l’infini (le ciel) ou à la rêverie (Miro: « le bleu est la couleur de mes rêves ») cette peinture est perçue comme douce. Il se dégage donc de cette image une impression douce de traces évanescentes laissées par des corps en mouvement.
Par contre lorsqu’on lit le titre de l’oeuvre, la lecture de l’image prend un caractère beaucoup plus grave. Yves Klein fait référence à la bombe nucléaire américaine lâchée sur Hiroshima pour soi-disant mettre un à la guerre contre le Japon. Les Etats-Unis par les bombes d’Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945 provoquèrent le décès d’environ 190.000 civils. Il y eut la mort immédiate par explosion et différée par la maladie due à la radioactivité. On parle encore à l’heure actuelle de crime contre l’humanité. Lors de l’explosion, les corps ont été pulvérisés et réduits en cendres. Mais
ils ont laissé sur les murs de la ville d’étranges silhouettes, ce sont les ombres des personnes présentent éclairées par la bombe. Des années plus tard ces ombres étaient encore visibles. Par ses anthropométries Klein reproduit l’effet d’apparition des silhouettes par le négatif des corps. Les
empreintes d’Hiroshima font modèle pour lui. En tant que nouveau réaliste Klein est censé s’inspirer du quotidien, de la rue et c’est ce qu’il fait.
http://www.ac-grenoble.fr/college/sand.la-motte servolex/spip31/IMG/pdf/fiche_repere_hiroshima_yves_klein-2-2.pdf
« … Hiroshima, les ombres d’Hiroshima ; dans le désert de la catastrophe atomique, elles ont été un témoignage sans doute terrible mais cependant un témoignage tout de même d’espoir de la survie et de la permanence, même immatérielle, de la chair. »
Yves Klein, extrait de « Yves le monochrome 1960. Le vrai devient réalité »
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