Le jeune garçon s’est précipité dehors pour apercevoir le Boeing B-52 enflammé, une aile manquante, des débris en feu projetés dans toutes les directions, s’écraser dans un champ. « Tout était en flammes » témoigne Reeves, aujourd’hui âgé de 78 ans. « La pelouse brûlait. La route était en train de fondre. Ma mère priait. Elle pensait que c’était la fin des temps. » En plus de l’épave, quelque part dans la nuit se trouvaient les restes de deux bombes thermonucléaires. Et elles y sont toujours.
Alors âgé de 17 ans, le jeune garçon s’est précipité sur le porche de la maison familiale, juste à temps pour apercevoir un Boeing B-52 enflammé, une aile manquante, des débris en feu projetés dans toutes les directions, tomber du ciel pour s’écraser dans un champ à quelques centaines de mètres de là.
« Tout était en flammes ici, » témoigne Reeves, aujourd’hui âgé de 78 ans, debout à mes côtés au milieu de ce même champ, nos dos tournés vers la modeste demeure qui l’a vu grandir. « La pelouse brûlait. La route plus loin était en train de fondre. Ma mère priait. Elle pensait que c’était la fin des temps. »
Comme tout adolescent qui se respecte, Reeves est parti en courant vers l’épave, avant qu’elle explose.
« J’ai immédiatement fait demi-tour, » se souvient-il.
En moins d’une heure, au petit matin du 24 janvier, un hélicoptère militaire survolait la zone. Par-dessus le vacarme de ses pales, une voix amplifiée répétait le même mot : « Évacuez ! »
« On ne savait pas pourquoi, » indique Reeves. « On n’a pas demandé. On est juste partis. »
Ce que savait la voix émanant de l’hélicoptère, contrairement à Reeves, c’est qu’en plus de l’épave du malheureux Boeing B-52 se trouvait quelque part dans la nuit noire ce que les militaires désignaient sous le nom de code « broken arrows » : les restes de deux bombes thermonucléaires de 3,8 mégatonnes. Chacune de ces bombes contenait une puissance de feu supérieure à la force destructrice de toutes les explosions causées par l’Homme depuis la nuit des temps jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.