Suite brève et intense à son dernier long (4 Bâtiments face à la mer, compétition internationale FID2012), Philippe Rouy se rapproche, si l’on peut dire, du foyer de la catastrophe de Fukushima autant que du cœur de ce dérèglement invisible. À la différence du précédent qui montrait des images en plan large du site, et d’éventuelles interventions humaines, c’est ici dans le ventre de la centrale, filmée par des robots qui se déplacent à l’aveugle, que l’on se trouve. Aux explorations machiniques (tout autre est impraticable) supposées rigoureuses répondent des images chaotiques, hallucinatoires – illisibles sinon par les canons du cinéma expérimental. Paradoxe du visible qui tente de rendre compte de l’invisible – mais bien tangible, fatalement – Rouy s’aventure à cadencer des images inhumaines.
Jean-Pierre Rehm, FIDMarseille 2014