«Nous étions les pères de l’église du déchet, dans toutes ses transmutations mystiques. Nous faisions du traitement de déchet, du commerce de déchet, de la cosmologie de déchets. J’allais dans les terres basses de la côte texane et je regardais des hommes en combinaison lunaire enterrer des barils dangereux, dans des strates souterraines de sel. C’était une conviction religieuse dans notre profession que ces dépôts de roches salines ne laisseraient pas fuir de radiation. Nous enfouissions des déchets avec un sentiment de révélation et d’effroi. Il est nécessaire de respecter ce que nous jetons. Et moi je vais te dire ce que je vois là. Le paysage de l’avenir. Plus les déchets seront toxiques et plus le touriste sera prêt à consentir d’effort et de dépense pour visiter le site. Visites en bus et carte postale.»
Don Delillo, Outremonde, Actes sud, 1997