La mère

La boule, « c’est notre petite Tour Eiffel », aime à dire Régis Clément, le directeur de la centrale nucléaire de Chinon. Et il l’a répété, mardi soir, lors de l’inauguration de la mise en lumière de l’ancienne unité de production EDF 1, surnommée la boule.

Il faut dire que cette construction de 55 mètres de diamètre, qui est le plus grand bâtiment sphérique d’Europe, abritait le premier réacteur nucléaire à usage civil de France, construit par EDF à partir de 1957, il y aura soixante ans l’an prochain.
Il a fallu six ans de chantier pour que les premiers kilowatts en sortent en 1963, marquant le grand tournant de la politique énergétique au service du public et non plus de l’armement.
La boule aura fonctionné jusqu’en 1973, produisant trois milliards de kW/h en dix ans, là où les actuels réacteurs du site en produisent presque dix fois plus en une seule année.
Désinstallé, décontaminé, le site accueille un Musée de l’atome depuis 1986, musée modernisé et rendu accessible aux personnes à mobilité réduite depuis 2015, il reçoit quelque 2.000 visiteurs par an.
Symbole d’une époque, de par son architecture hors norme, la boule, explique encore Régis Clément, « c’est un colosse d’une époque pionnière, c’est la mère de tous les réacteurs nucléaires », et sa présence en bord de Loire est comme un grand témoin du patrimoine industriel français, et même mondial.

Une prouesse technique réussie

C’est ce symbole qu’EDF a souhaité mettre encore plus en valeur, en concrétisant une idée défendue par Myriam Flori, directrice de la communication, à savoir la mise en lumière de la boule.
L’illumination est une prouesse technique en raison de l’imposante taille de la boule. Le résultat est remarquable avec un recouvrement de la sphère qui atteint quasiment le sommet et s’étend à 260° (seule une partie cachée côté Loire n’est pas éclairée). Chaque illumination est unique et crée un effet de surprise permanent.
Les architectes de lumière, Guy Garcia, originaire de Chinon, et les ateliers Frédéric Casanova, ont été retenus pour réaliser cette opération exceptionnelle. La scénographie se compose d’un éclairage fixe avec des variations de couleurs très contrastées mettant en valeur la forme parfaite de la sphère. C’est ainsi que l’on verra la boule à la nuit tombée chaque soir. Mieux encore, les mercredis et samedis, c’est un véritable spectacle animé qui sera projeté, déclinant une quinzaine de tableaux différents, composés de mouvements d’eau et de constellations d’étoiles. Ainsi, la boule se métamorphose : planète Terre vue d’un satellite avec ses océans en mouvement, planète déserte offrant des paysages lunaires ou profusion de paillettes qui embrasent le ciel… Une véritable mise en scène, la boule devenant planète vivante dans un environnement d’exception. Magnifique !

 

Patrick Goupil
 

http://archivesgamma.fr/1986/01/27/la-mere