C’est une centrale nucléaire unique dans le monde. Un établissement fantôme, qui n’a jamais accueilli le moindre gramme d’uranium dans le cœur de ses deux réacteurs depuis sa construction il y a plus de trente ans. Gardée jour et nuit, elle entretient « la légende et le mystère » dans la bourgade de Lemoniz, dans le nord de l’Espagne, non loin de Bilbao.
Le site en ruine, implanté dans la réserve naturelle d’Urdaibai, est protégé par des kilomètres de barbelés rouillés ; une société de sécurité privée assure par ailleurs des rondes jour et nuit pour en interdire l’accès. « Quelques pylônes gigantesques de lignes à haute tension, qui n’ont jamais eu de jus, sont fracassés net en leur sommet. L’image est glaçante. Il y a là un monde de silence et de grisaille en béton qui se fond dans le ciel et dans l’océan des mauvais jours », raconte le quotidien régional.
Mais cette inactivité a un coût, estimé pour l’instant à 5,8 milliards d’euros. Les contribuables espagnols devront encore payer pendant de longues années les indemnités octroyées par l’Etat à Iberdrola, la société d’électricité à l’origine de la centrale, pour la maintenance du site.