Utilisé sous forme de sels, scellé dans des aiguilles creuses ou des tubes, le radium est positionné au contact de la zone à irradier. Le tout est maintenu en place grâce à des moules de cire, dans le cadre d’un usage externe. L’introduction d’aiguilles creuses contenant du radium dans les tumeurs s’appelle la « radiumpuncture ». La technique est inventée en 1914.
Alexandre Lescure, « La curiethérapie de contact », musée Curie
Depuis ses premières découvertes, Becquerel s’est posé la question de savoir quelle est la source d’énergie responsable de ce nouveau rayonnement. Pierre Curie est le premier à constater que cette énergie est considérable, il mesure que le radium dégage une énergie colossale, un million de fois supérieure à toute énergie de combustion connue, première reconnaissance de l’énergie nucléaire. Cela attirera l’attention du public et des médias. En 1904, le St Louis Post Dispatch écrit : « un grain du mystérieux radium sera montré à l’exposition universelle. Sa puissance est inimaginable. Avec ce métal, tous les arsenaux du monde pourraient être détruits. Il pourrait rendre la guerre impossible ! »
Les effets biologiques de ce dégagement d’énergie sont d’abord observés par Becquerel, encore une fois par « chance ». Pierre Curie lui a prêté un échantillon de radium, dans une ampoule scellée ; Becquerel met l’ampoule dans sa poche. Au bout de quelques heures, il constate une rougeur, qui se transforme en quelques jours en une plaie, semblable à une brûlure. La blessure tarde à cicatriser ; il y a nécrose des tissus. Lorsqu’il fait part de cette observation à Pierre Curie, ce dernier fait l’expérience, sur lui-même et sur son épouse, et procède à des expériences plus avancées sur des cobayes. Bientôt, tous les physiciens du domaine se livrent à ce jeu dangereux. La radiothérapie vient de naître ; Becquerel et Curie publieront ensemble sur ce sujet en 1901.
https://journals.openedition.org/bibnum/848
En 1900, deux Allemands, Walkhoff et Giesel, ont découvert que le radium a des propriétés physiologiques. Ainsi, Pierre Curie, en collaboration avec de grands médecins, décide alors d’en étudier les effets sur des animaux. Ils constatent que le radium peut soigner des plaies voire des tumeurs. En juin 1901, Pierre Curie et Henri Becquerel publieront ensemble une note sur « les effets physiologiques des rayons du radium » : c’est le début de la radiothérapie que l’on appelait à l’époque radiumthérapie ou Curiethérapie.
Ainsi, les médecins vont se servir d’aiguilles ou d’applicateurs au radium (pansements, cataplasmes) (Figure 6) pour soigner des tumeurs et d’autres affections cutanées. Les résultats sur les maladies dermatologiques ainsi que sur les cancers de la peau sont très prometteurs. C’est pourquoi, la radiothérapie a été par la suite testée sur de nombreuses maladies incurables de l’époque (cancer, tuberculose…).
Le radium a également été utilisé durant la Première Guerre Mondiale pour effectuer des radiographies afin de localiser précisément les balles à l’intérieur des blessés et ainsi de faciliter les opérations chirurgicales. Marie Curie participe à la conception d’unités chirurgicales mobiles en créant dix-huit voitures de radiologie, surnommées les « Petites Curies » (Figure 7), qui sont envoyées au front.
Le radium, utilisé sous forme de sels (chlorure ou bromure de radium) scellé dans des aiguilles creuses ou des tubes placés dans des applicateurs, est positionné au contact de la zone à irradier. Le tout est maintenu en place grâce à des moulages à la cire adoptant la forme de la surface à traiter, dans le cadre d’un usage externe.
La tumeur n’étant pas toujours accessible par un conduit naturel, il faut développer de nouvelles techniques pour l’atteindre. L’introduction d’aiguilles creuses contenant du radium dans les tumeurs de la surface cutanée ou de la muqueuse s’appelle la radiumpuncture : la source radioactive est placée au cœur de la zone à traiter. La technique, inventée par Walter Stevenson en 1914 à l’Institut du radium de Dublin, consiste à introduire un minuscule tube de verre contenant du sel de radium dans des aiguilles creuses en platine iridié. Le nombre de foyers radioactifs à utiliser dépendait de la nature de la tumeur (taille, radiosensibilité, etc.).
https://artsandculture.google.com/exhibit/la-curieth%C3%A9rapie-de-contact-mus%C3%A9e-curie/fwIigesyI5QKJw