1914, le paratonnerre à tête radioactive est breveté
Son principe de fonctionnement repose sur l’ionisation de l’air au voisinage de sources radioactives provoquée par les rayonnements alpha. Ceci augmenterait la probabilité d’amorçage électrique et le rayon de protection par rapport à une pointe métallique simple.
Le paratonnerre au radium a été commercialisé en grande quantité à partir des années 30, notamment par les marques françaises Helita, Duval Messien, Franklin France et Indelec. Le radium étant un radionucléide naturel, son emploi a échappé à toute réglementation en France jusqu’en 2002. Il n’y a donc aucune information fiable sur le nombre de paratonnerres au radium fabriqués ou importés et commercialisés en France. Il est également impossible de déterminer le nombre de ces appareils encore en utilisation.
Le paratonnerre à l’américium a fait l’objet d’autorisations par la CIREA (Commission interministérielle des radioéléments artificiels) dans les années 1970. Comme pour d’autres utilisations, l’emploi de radionucléides artificiels (donc soumis à la réglementation et à une certaine traçabilité) comme l’américium ou le tritium a été autorisé afin de faire reculer l’emploi du radium, même si la justification de l’emploi de sources radioactives dans des paratonnerres pouvait déjà être discutée. Dans cette logiquede privilégier des radionucléides artificiels et donc réglementés […] la réglementation a fait l’objet d’adaptations spécifiques: nécessité d’obtention d’autorisation pour les fabricants et fournisseurs mais détention libre pour les utilisateurs. Cette dérogation par rapport au régime général d’autorisation, sans doute nécessaire pour contribuer à l’abandon du radium, a pour conséquence aujourd’hui un manque d’informations précises quant au nombre de paratonnerres à l’américium encore en utilisation en France. Les autorisations délivrées aux fournisseurs imposaient la tenue de registres (manuscrits à l’époque) des installations avec indication des acquéreurs, des lieux d’installation et des numéros des paratonnerres. Toutes ces autorisations ont été clôturées en février 1987 mais aucune obligation de démontage n’a jamais été définie depuis. Comme pour les paratonnerres au radium, il est donc impossible d’avoir des données précises sur leur nombre actuel.
Plusieurs dizaines de milliers de paratonnerres radioactifs seraient toujours en service. Ce n’est qu’à l’occasion d’opérations d’entretien ou de démolition de bâtiments que les paratonnerres sont démontés. Ils doivent alors être considérés comme des déchets radioactifs et, à ce titre, être pris en charge par l’ANDRA. […]
L’ANDRA aurait déjà collecté au total environ 6000 têtes de paratonnerres (radium et américium). Dans son rapport 2002 sur l’inventaire des déchets radioactifs, l’ANDRA indique qu’elle a récupéré en 2001 plus de 300 têtes de paratonnerres au radium. Elle présente également les lieux d’entreposage des paratonnerres récupérés (une vingtaine de sites) puisqu’il n’existe pas aujourd’hui de filière d’élimination de ces sources.
https://www.dissident-media.org/infonucleaire/paratonnerres.html